Traditions
Traditions alsaciennes
Sommaire




Traditions alsaciennes

Habitat
Vie quotidienne
Costume
Fêtes et rites
Métiers


Fêtes et rites d'hier ou d'aujourd'hui

[ Autour de la naissance ] [ Autour du mariage ] [ Les obsèques ]
[ Autour de Noël ] [ Autour de Pâques ] [ Autres occasions ]
[ Vie quotidienne ] [ Fêtes civiles ]

Autour de la naissance
Avant...
Avant la contraception et la pilule, une femme qui ne voulait pas d'enfant n'avait guère d'autre solution que l'abstinence. Par contre, une femme qui voulait un enfant n'arrivait pas forcément à devenir enceinte du premier coup à une époque où les rapports sexuels répétés restaient l'exception parce qu'on les teintait de péché. Il ne restait que la prière, qu'elle pouvait appuyer en faisant un pèlerinage dans un sanctuaire marial où elle déposait une offrande en forme de crapaud, qui est en effet une représentation symbolique primitive de la matrice maternelle. Où la foi et la superstition se rencontrent...

Pendant...
Chacun sait que les enfants alsaciens sont apportés par des cigognes qui venaient en prendre livraison au fond d'un puits situé dans la cathédrale et qui communiquait directement avec le légendaire lac souterrain où ils étaient amenés par la barque fantôme conduite par des nains... D'où venaient-ils avant, mystère ! Le fameux puits a d'ailleurs été fermé au 18ème siècle, mais par bonheur la natalité n'a pas baissé.
En fait il ne manque pas en Alsace de choux grâce aux cultures de Krautergersheim destinées à la choucroute ni de roses dans les jardins. Mais il y a aussi des exceptions.
Par exemple, on affirmait autrefois aux enfants de Betschdorf qu'ils étaient nés dans une fontaine (Heiligenbrunnel) qui était un pèlerinage populaire au moyen-âge. De même les enfants de Bourbach (Haut-Rhin) viennent d'une grotte appelée Hohlsteinfels ou encore Bubbalafels (Roche des bébés) ; cette grotte existe toujours : elle servit de refuge aux habitants du village lors de la guerre de Trente Ans... et peut-être aussi en d'autres circonstances, d'où la tradition...

Baptême
En Alsace, les souhaits de baptême donnaient lieu à la réalisation de véritables œuvres d'art : parfois découpées en dentelles, parfois peintes et décorées de citations bibliques ou de proverbes, ces images sont souvent des chefs-d’œuvre.
Pour tout ce qui concerne la naissance et le baptême, on pourra en savoir plus sur le site très intéressant et très complet naissancealsace.canalblog.com (la cigogne ci-dessus est empruntée à ce site)

Longtemps après...
L'appartenance à une "classe" suivant l'année de naissance, au-delà de l'aspect administratif et militaire, est une coutume qui reste vivace à l'heure actuelle. Les classes se retrouvent souvent pour des activités touristiques ou gastronomiques.
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Autour du mariage
Saint André, patron des filles à marier (30 novembre)
Il est le patron des jeunes filles qui cherchent un mari dans l'année : pas par hasard, en grec, andros signifie homme. Diverses pratiques plus ou moins superstitieuses pour le jour de sa fête étaient considérées comme susceptibles de forcer le destin. Par exemple, la jeune fille devait aller chez une veuve et se faire remettre farine, beurre et sel pour confectionner un gâteau très salé à manger entre 11 h et minuit, avant de secouer et agiter le lit en récitant une invocation au saint, ce qui assurait de voir son futur mari en rêve.
On pouvait aussi balayer la chambre à reculons en tenue légère : les ombres projetées dessinaient le profil du futur mari ; on dit aussi que du plomb fondu ou un œuf dans l'eau froide permettaient de deviner le physique ou le métier du futur mari
On proposait d'ailleurs aussi des rites analogues pour la nuit de Noël. Actuellement, les jeunes filles alsaciennes sourient de ces traditions ou au pire les appuient des services d'une agence matrimoniale...

Cadeaux
Il était autrefois habituel d'offrir des pierres chauffe-lit à l'occasion de fiançailles ou de mariages : elles étaient souvent décorées et personnalisées ou ornées de symboles porte-bonheur.
Parmi les cadeaux de mariage personnalisés figurait souvent aussi la planche à jouer en bois avec jeux de cartes et glissières pour les jetons.
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Obsèques
Les obsèques donnent souvent lieu à de grandes fêtes de famille, d'ailleurs pas forcément teintées de tristesse, surtout s'il s'agissait d'un aïeul dont la mort avait été paisible. Les familles étaient très sensibles à leur unité face à la mort. Ce qui n'empêchait pas les querelles d'héritage.
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Autres occasions
Processions
Le nord de l'Alsace a longtemps gardé ses vieilles traditions. Pour aller à l'église on sortait les longues robes et les nœuds multicolores, les hommes portaient costume noir, foulard serré et tricorne. Une fête religieuse donnait même lieu à des processions particulièrement hautes en couleurs. où on arborait ses plus beaux atours. Vous avez deviné :
[ Rameaux ] [ Rogations ] [ Fête-Dieu ]
[ Pâques ] [ Assomption ] [ Toussaint ]
Ces processions sont maintenant tombées en désuétude ou sont devenues purement folkloriques.

Viticulteurs
Dans certains villages du vignoble, les viticulteurs faisaient chaque année une procession en l'honneur de leur patron Saint Urbain ; mais si la vigne avait eu à souffrir de la grêle ou de la gelée, la statue était jetée dans la fontaine : ce qui s'est passé en 1682, à Bergheim, avec la phrase vengeresse "si tu ne veux pas donner du vin, tu n'as qu'à boire de l'eau" !
Cette coutume peu respectueuse s'est maintenue jusqu'au 19ème siècle, malgré les efforts de l'Eglise pour l'interdire.

Les fruitiers de la Sainte Barbe (4 décembre)
Non contente d'être la patronne des pompiers, ce qui n'est pas une spécificité alsacienne, Sainte Barbe semble avoir des compétences horticoles : si on coupe des branches de fruitiers qu'on met dans l'eau le jour de sa fête, elles fleurissent à Noël ; suivant la floraison, on peut prévoir la quantité de fruits pour la prochaine récolte. Et si elles ne fleurissent pas, c'est franchement mauvais signe.

Les petits pains de sainte Agathe (5 février)
Cette martyre morte en 251 aurait subi un horrible martyre au cours duquel on lui avait entre autres tortures sadiques arraché les seins. En souvenir on bénissait à la messe des pains ronds qu'on distribuait aux fidèles et même au bétail. On attachait aussi aux portes des maisons, des étables et des greniers des billets de Sainte Agathe pour les protéger des intempéries et des incendies.

Dorothée, le spectre de l'hiver
Le jour de la sainte Dorothée (7 février), pour conjurer l'hiver, on construit dans certains villages un mannequin de paille qu'on expose devant un arbre ou sur une place ; les passants lui lancent des injures et des invectives comme à une personnalisation de l'hiver qu'on veut ainsi conjurer. Il était autrefois brûlé le premier dimanche de Carême. Cette coutume folklorique existe encore : le mannequin réalisé par les enfants est brûlé le soir même, mais plus personne ne croit que ça puisse faire fuir l'hiver...

Chasser le diable
A certaines occasions comme la fête de la Chaire St Pierre (22 février) où on célèbre aussi la fin de l'hiver, des jeunes gens passent devant les maisons et chantent des refrains intimant aux crapauds et serpents, symboles du mal, de sortir hors de la ferme pour chasser le diable. La coutume veut qu'on leur donne une offrande. Cette habitude existe en bien des occasions. Mais gare à celui qui ne veut rien donner : s'ils ne reçoivent rien ils crient l'inverse et invitent le diable à revenir !

Walpurgisnacht
La nuit du 30 avril au 1er mai est le déchaînement des sorcières, longtemps avant la mode commerciale moderne d'Halloween. Les peurs médiévales, même irraisonnées et injustifiées, sont restées longtemps vivaces. Pour se prémunir du danger illusoire, on faisait sonner cloches, on aspergeait les étables d'eau bénite...
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Vie quotidienne
Météo oignon...
Les douze jours de Noël à l'Epiphanie étaient réputés particulièrement fastes pour la plupart des occupations. Ils fournissent aussi des informations météorologiques, que beaucoup d'alsaciens essaient encore de nos jours (parfois en les reportant du 1er au 12 janvier) : prenez un gros oignon, coupez-le, détachez les feuilles internes au bulbe qui forment de petites coupelles ; disposez-les sur votre fenêtre, mettez-y une pincée de sel et attendez : au bout des 12 jours, la quantité d'humidité contenue au fond de la coupelle vous indique si le mois correspondant sera humide ou non.

Transhumance
Dans les Hautes-Vosges, l'hiver était trop rigoureux pour que les troupeaux puissent y vivre sans interruption toute l'année. Chaque printemps, lorsque la neige disparaissait des chaumes, commençait la transhumance : à la Saint Urbain (25 mai) ou à la Saint Jean-Baptiste (24 juin) suivant les lieux et les traditions, les troupeaux se mettaient en marche pour redescendre à la Saint Michel (29 septembre), à l'approche des premières neiges. Les animaux avaient été préparés avec soin, jusqu'au toilettage des queues ; les clarines ont été mises au cou des vaches maîtresses, qui maintenant les portent tout l'été. Le matériel nécessaire aux fermiers était monté à dos d'âne, et maintenant plus prosaïquement en camion. La montée et la descente des troupeaux donnaient lieu à une fête villageoise.
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Fêtes civiles
Thann
La Crémation des trois sapins est une fête traditionnelle qui a lieu chaque 29 juin à Thann, en souvenir d'un miracle : le bâton du serviteur de St Thiébaut contenant une relique de l'évêque, fiché en terre, avait refusé d'en sortir, alors qu'une lumière sortait de trois sapins. Une église fut fondée là en l'honneur du saint et la ville qui se construisit autour prit le nom des sapins (Thann).

Pfifferday
Ribeauvillé est célèbre par sa fête des ménétriers (Pfifferday). Une autre ville organise aussi une telle fête, moins connue, Bischwiller. En effet, après l'extinction des Ribeaupierre, la seigneurie et le patronage des ménétriers passèrent aux Comtes Palatins ; mais la confrérie éclata et l'un de ses pôles se fixa à Bischwiller.
On raconte que les Ribeaupierre sont devenus rois des ménétriers à cause de la générosité d'un des leurs envers un jeune homme qui avait perdu son instrument :
Le seigneur avait donné une bourse pour le remplacer Quelques jours plus tard, tous les ménétriers et fifres de la région montaient au château Saint Ulric pour le remercier. Ce fut d'après la tradition le premier Pfifferday...
Mais Ribeauvillé n'a pas le monopole de la musique : le village d'Attenschwiller compte un musicien pour 6 habitants, 110 musiciens sur 660 habitants, répartis en deux chorales et une harmonie. S'il y avait la même proportion à Ribeauvillé, ville des ménétriers, il y en aurait 800 !
Pour en savoir plus sur le Pfifferdaj, vous pouvez vous procurer ici le petit livre publié par "Les couloirs du temps" (couverture présentée ci-contre à droite)

Pain d'épices

A Scherwiller, à l'occasion de la Kilbe, on remettait autrefois au maire, à ses adjoints et au curé un pain d'épices lors d'une aubade à leur domicile ; cette tradition a été remise en honneur depuis 1977. Ribeauvillé connaît une tradition analogue pour le Pfifferday, mais elle ne concerne que le maire.

Corso fleuri
Le "Corso fleuri" de Sélestat est fête connue bien au-delà de nos frontières : le deuxième dimanche d'août, c'est une des manifestations florales les plus importantes d'Europe. Les chars représentent des scènes historiques ou des compositions de la vie quotidienne. A votre avis, combien nécessite-t-il de fleurs pour réaliser les montages ?
[ 35 000 ] [ 70 000 [ 95 000 ] [ 150 000 ] [ 275 000 ] [ 400 000 ]
Solstice d'été
Dans plusieurs villages d'Alsace, on lançait dans la soirée du solstice d'été des disques enflammés (Zueneradle, Schieweschlag) Ces disques calcinés étaient conservés ensuite dans le grenier pour le protéger de la foudre et du feu : C'est une vieille tradition héritée des cultes solaires celtes et gaulois...
Dans la vallée de Saint Amarin, on a également gardé la tradition du feu de la Saint Jean et les villages rivalisaient pour la hauteur du bûcher : De nombreux villages du sud de l'Alsace ont repris plus ou moins récemment la tradition, et c'est toujours à qui fera le plus haut bûcher !

Lilas de mai
Jadis à Schleithal (nord de l'Alsace), le premier dimanche de mai, les jeunes gens accrochaient un bouquet de lilas à la fenêtre de leur bien-aimée. Hélas cette jolie coutume romantique est perdue. Aujourd'hui, on fait des farces et des mauvais tours : on décroche volets ou portail, on accroche la charrue dans un arbre, ou on éparpille le fumier ou les fagots dans la cour. Sic transit...
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